Pauline Brun
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GRAND BAIN

Performance • 2016, Centre Georges Pompidou

2h/jour durant une semaine/ espace de la collection permanente / Performance Christine Bombal, Céline Cartillier, Sorour Darabi, Arthur Eskenazi, Jessica Guez, Margot Hefez, Théo Hillion, Calixto Neto, Zoé Pautet, Zoé Philibert, Lynda Rahal, Sylvain Riejou / Centre Georges Pompidou

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La performance GRAND BAIN est une tentative d’infiltration dans le musée.

Conçue pour l’exposition Museum ON / OFF, GRAND BAIN s’étend sur l’ensemble du quatrième étage du Centre Georges Pompidou. La performance est construite à partir de l’espace d’exposition et des oeuvres qui le compose. L’espace d’exposition avec ces particularités architecturales, conventions, hors champs et oeuvres exposées dont les gestes, aux temporalités variables, ce sont déjà écoulés. Durant une semaine, 12 performeurs expérimentent quotidiennement une partition d'actions. La nature des actions, leurs espaces et leurs temps se situe dans l’entre deux, au point de frottement entre invisibilité et apparition. Les actions, aux influences burlesques, se dissimulent ou apparaissent alors par inadvertance aux regards des visiteurs. Elles se composent de gestes brefs et simples. La partition, construite comme un roulement de micro évènements, donnent à voir à répétition toutes les actions durant 2h chaque jour. Empreint d'un registre burlesque, les actions jouent d’un corps commun, un visiteur potentiel, qui se voit inapproprié à son environnement ou aux codes et conventions que celui-ci implique. Les performeurs s’infiltrent, se fondent parmi les visiteurs et agents du musée pour s’en extraire temporairement. Ils chutent par accident, s’assoupissent, font preuve de maladresse, se dissimulent nus, se font sculpture ou encore s’annoncent par erreur. Tout en restant en marge, ils parasitent l’espace d’exposition.

Les différentes actions composant la partition s’inscrivent précisément dans l’espace. La porte dérobée est entrouverte, une pile de papier vierge est laissé tomber au milieu du couloir central, une chute a lieu au passage entre une salle d’exposition et le couloir de sécurité, un performeur se cache sous un tapis devant l’oeuvre de Isabelle Cornaro Paysage avec Poussin et témoins oculaires III se faisant " sculpture discrète " ou témoin oculaire. Toutes les actions ont lieu en même temps et sont traversées sur 10 min. Toutes les 10 min, les performeurs se relaient. Certaines actions tel que " la chute " ou " la maladresse " se pratiquent en boucle dans l’espace des 10 min. D’autres, tel que " le gardien " ou " la sculpture discrète " s’installent et restent immobiles durant ce même temps. La partition est écrite comme une mécanique dans laquelle la répétition se déploie alors aussi bien au sein d’une action que sur l’ensemble de la partition. Les performeurs, traversant tour à tour les actions, révèlent les écarts dans la répétition. Chacun à leur tour deviennent le gardien qui s’assoupie, chutent en bordure de l’espace d’exposition, se dissimulent nus derrière une porte, laissent tomber une pile de papier, se tapissent ou encore laisse entendre par erreur un fragment de discussion au micro.

Ainsi, ce qui peut paraitre une première fois au visiteur comme un dysfonctionnement, une simple maladresse, un concourt de circonstance ou un hasard devient par la répétition un événement de quelques seconde. Le temps d’une chute, d’une sortie de tapis, d’un réveil de gardien, de l’entre-ouverture d’une porte. Un rendez-vous officieux s’établit petit à petit avec le visiteur qui cherche à vérifier ou saisir l’évènement. Son attention s’étend alors au delà des oeuvres présentées. Les autres visiteurs, les gardiens, les recoins deviennent suspects. Tous les gestes, passages ou bruits sont étudiés. Le visiteur se met dans une hyper acuité.

Observant les visiteurs dans leurs déambulations, leurs attentions, rythmes et conversations, la partition s’est précisée d’un jour à l’autre pour s’inscrire dans cet espace particulier. Le quatrième étage du Centre Georges Pompidou est devenu l’espace d’un jeu de piste. " L’incongru, c’est ce qui, littéralement, ne colle pas : toujours en transit dans un milieu qui lui est plus ou moins hostile " 1.

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1 - Elie During, « Gaz hilarant : introduction au comique d’atmosphère », texte paru dans J. Birnbaum (dir.), « Pourquoi rire? », Paris, Gallimard-Follio, 2011.

extrait captation performance © Pauline Brun

Pauline Brun / GRAND BAIN • Performance • 2016, Centre Georges Pompidou
Pauline Brun / GRAND BAIN • Performance • 2016, Centre Georges Pompidou
Pauline Brun / GRAND BAIN • Performance • 2016, Centre Georges Pompidou

© Pauline Brun